La Newsletter . 25 mars 2020


LA TRIBUNE

L’irruption du coronavirus a plongé notre pays et le monde entier dans l’inconnu, heurtant de plein fouet notre économie. L’ampleur et la durée de ce choc sont encore très incertaines à l’heure d’écrire ces lignes. Un nombre important d’entreprises en France sont à l’arrêt, et leur pérennité est parfois menacée. Mais après un état de sidération, vient le temps de la réaction. Il est à espérer que ce choc ne soit que temporaire.

Les autorités monétaires, tout comme les autorités publiques et tous les grands organismes représentatifs des intérêts économiques ont rapidement étudié et mis en place des réponses fortes à cette situation. Gageons que si le choc économique est d’ores et déjà sévère, nous avons mis toutes les chances de notre côté pour éviter la conjonction maudite entre crise économique et crise financière. En effet, si ce choc n’est pas sans rappeler la crise de 2008 qui avait ébranlé nos économies, à la différence de celle-ci, c’est l’économie réelle et non la sphère financière qui souffre en premier. La sphère financière n’est pas immunisée pour autant car il existe un risque de contagion si les difficultés que subissent les entreprises se muaient en une chaîne de faillites.

C’est pourquoi la BCE et la Banque de France mettent actuellement tout en œuvre pour limiter au minimum possible l’impact de cette crise et permettre un redémarrage rapide de l’économie une fois la menace éloignée. L'action de la BCE, c'est d'abord un bouclier quasi-illimité de liquidités pour garantir le financement des entreprises via les banques. Celles-ci pourront ainsi se financer auprès de la BCE à - 0,75 % à condition qu'elles maintiennent leurs crédits à l'économie. C’est ensuite le lancement d’un programme massif et exceptionnel d’achat d’actifs, à hauteur de 750 milliards d’euros, pour maintenir des conditions de financement favorables. Pour les entreprises travaillant hors Zone Euro, il faut savoir que dans la plupart des pays touchés peu à peu par le coronavirus, les États ont organisé des plans d’aide massive à l’économie, et les banques centrales également, citons pour exemple celle des États-Unis, (FED), qui a pris la décision inhabituelle d’achats directs de titres d’entreprises non financières via deux véhicules garantis par le Trésor US.

Concernant notre soutien aux entreprises, comme banque centrale « à la française », nous avons déjà fait passer un certain nombre de messages aux autorités, aux banques et aux organismes représentatifs, parmi lesquels :
•    La cotation de la Banque de France demeure, car c’est un très grand facilitateur de crédit, aux PME en particulier, en offrant des garanties de refinancement (collatéral) sur le secteur privé, ce qui est une originalité française et nous permet l’accès à un crédit abondant et à de bonnes conditions.
•    La partie défavorable de cette cotation (impayés) a été aménagée afin d’éviter tout automatisme pénalisant en situation de crise exceptionnelle.
•    Les agents des services entreprises des succursales de la région ont été organisés en équipes de travail à distance, qui permettent, outre l’étude attentive des dossiers, un accès aussi aux questions des petites entreprises via les services départementaux et gratuits du « correspondant TPME ».
•    Enfin, pour les situations difficiles, la médiation du crédit, créée lors de la crise financière de 2008, est toujours active, dans chaque département. C’est un dispositif gratuit et efficace (succès pour 2/3 des dossiers l’an dernier).

Pour autant, en des temps difficiles où l’inconnue semble régner en maître, les dérives ou mauvaises idées sont inévitables et nous y veillons.

Il est une très mauvaise idée par exemple, que de conseiller à une entreprise de ne plus payer aucun fournisseur, pour se constituer en somme un coussin trompeur de trésorerie en attendant des aides ou des financements à venir. En pratiquant ainsi, on met en péril toute la chaîne du crédit inter-entreprises, c’est-à-dire celle du premier banquier de France ! Ne pas céder à ces sirènes, car en matière de financement comme ailleurs, les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs. Il faut d’abord payer ses fournisseurs tant que l’on peut le faire, et s’adresser à sa banque pour obtenir des facilités et des reports d’échéance, qui ne sont jamais gratuites, mais dont les conditions ont été considérablement aménagées et assouplies, avec des diminutions de frais également. De même, quelques mauvaises pratiques sont constatées auprès de grands donneurs d’ordres qui différaient systématiquement leurs règlements, (ou tiraient auprès des banques des lignes de liquidités dont ils n’ont pas besoin, provoquant au passage un éventuel effet d’éviction pour les autres). La Banque de France a organisé avec le Ministère de l’Économie et des Finances un comité de surveillance des délais de paiements.

Le secteur bancaire, dans une société comme la nôtre qui est encore très « intermédiée », est armé pour faire face, et nous n’avons pas été saisis jusqu’à présent hors cas particuliers, de difficultés rencontrées auprès des établissements, qui se sont organisés et « jouent le jeu ».

Il me serait impossible dans ces lignes de détailler ou même résumer le catalogue des procédures facilitantes et des aides spéciales ou crédits mis en place, ce catalogue étant déjà très abondant et par ailleurs assez évolutif. Chaque établissement, chaque organisme public, parapublic, bancaire, consulaire ou socio-professionnel propose une palette d’actions dans le registre de l’urgence et de l’exception. Malgré les difficultés techniques dues au confinement, à la saturation de réseaux télématiques trop fortement et rapidement sollicités, les organisations, en mode pas si « dégradé » que cela, se mettent en place et apportent déjà des réponses.

À titre d’exemple, outre ceux déjà cités pour les entreprises, la Banque de France assure aussi la « résultante sociétale » des procédures économiques, et peut tenir ainsi dans chaque département, des commissions de traitement du surendettement, en mode de téléréunion, et recevoir en moyens à distance les interrogations des moins favorisés de nos concitoyens. En outre, et contrairement à des rumeurs incontrôlables, nous assurons sans défaut le service des espèces fourni aux distributeurs, qu’ils soient machines ou guichets. C’est important car la monnaie fiduciaire, pas particulièrement dangereuse en manipulation, est souvent le dernier refuge et il faut absolument éviter le cauchemar des financiers qu’est le « bank run » (course au guichet). Il n’est pas plus utile de se précipiter vers les DABs que dans les supermarchés pour stocker tout et n’importe quoi.

Je conclurai ces quelques considérations introductives à l’effort d’information très louable engagé par LPFT, par une dernière observation, et un espoir : La sphère financière, si utile et tant décriée dans notre pays est prête à jouer son rôle fondamental de soutien et d’accompagnement de l’appareil productif et des services de l’économie réelle. Et en matière monétaire, l’Europe n’est pas en retard et montre des réponses harmonisées pour toute la zone, avec un volant de liquidité considérable mis en place par la BCE, et qui pourra être employé de manière flexible en donnant la priorité à certains pays ou certains secteurs selon les difficultés qui surgiront.

Quant à nous, nous bénéficions d’une région forte et à l’économie brillante (nos dernières études de conjoncture sur février témoignaient encore d’un climat très positif), notre tissu entrepreneurial est varié, inventif et de bonne qualité, nos banques sont comme partout dans le pays, solides (leurs fonds propres sont deux fois plus élevés qu’il y a dix ans), et la banque centrale fournira la liquidité nécessaire.

L’espoir est que cette crise sanitaire soit maîtrisée le plus tôt possible et que notre économie soit en situation d’une sortie de crise bien préparée. C’est à nous tous d’y veiller, nous sommes tous sur le pont, et la situation anxiogène que beaucoup connaissent aura peut-être quelques effets positifs et riches d’enseignements pour l’avenir, en terme de révision de valeurs et de process, et de création de nouvelles solidarités.

Je vous souhaite à tous la santé, le courage, et la détermination !

 

Christian Jacques BERRET, Directeur Régional Auvergne-Rhône-Alpes
de la Banque de France


SOLIDARITE

La situation que nous vivons appelle de notre part à tous des gestes de solidarité pour surmonter ensemble des défis inédits. Nous vous relayons ainsi, à titre exceptionnel, les demandes lancées par la Fondation Hospices Civils de Lyon et par la Fondation de France.

Fondation Hospices Civils de Lyon

La Fondation lance une campagne de collecte d’urgence pour venir en aide aux chercheurs et aux soignants des HCL. Cet appel aux dons devrait avoir un écho particulier auprès des Lyonnais, directement concernés par une action en faveur des soignants susceptibles de les prendre en charge, les soignants des HCL.

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Fondation de France

Au regard de l’ampleur des besoins, la Fondation de France lance un appel à la solidarité pour venir en aide aux personnels soignants, qui travaillent jour et nuit pour apporter les soins nécessaires aux malades, aux chercheurs qui travaillent sans relâche pour lutter contre cette épidémie, ainsi qu’aux personnes les plus vulnérables et isolées, en particulier nos ainés.
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24/03   L’AMF apporte des réponses pratiques aux investisseurs, à la suite l’Interdiction du 17/03 des positions courtes nettes sur actions. En savoir plus  

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